Dans cette édition de Boum Boum, nous allons discuter acouphènes et techno minimale. bonne lecture :)
Intro : Je m’appelle Maryame Bellahcen, j’ai 23 ans et “je suis fan de techno.” Cette phrase, que j’ai sortie très souvent en soirée, à l’école ou même dans un repas de famille, est la porte d’entrée à toutes sortes de remarques :“Comment tu peux aimer ça ?” ou encore “Du coup t’as déjà pris des drogues ?” mais celle qui revient le plus et qui fait l’unanimité “La techno ce n’est que du bruit, que du boom boom” La techno est intimement liée au “Boom Boom”, au bruit, à ce son brut et agressif et aux acouphènes par extension (les vrais savent.). Du coup, en partant de ce postulat je me suis posée cette question toute simple :
Est-ce que la techno ce n’est vraiment que du bruit ?
Si tant de personnes perçoivent la techno comme une musique bruyante, répétitive, c’est qu’il existe un réel manque de connaissances sur cette dernière, lui-même dû à un usage abusif du terme. Les musiques électroniques sont vastes et ses limites sont assez floues. Beaucoup de sons “boum boum” ne sont en réalité pas de la techno, qui sert aujourd’hui de « tiroir » à toutes sortes de musiques électroniques : dance music, dubstep, drum & bass. Un volume généreux fait partie intégrante de l’ADN de la techno. Sans cela, les noctambules seront tentés de fuir des lieux pour rester chez eux en mode « Netflix & chill ». Et les artistes pourraient aussi déserter. Laurent Garnier, DJ et compositeur français, avoue : « En tant que DJ, musicien et coorganisateur d’un festival, je me sens triplement visé par ces restrictions. Dans certains festivals en Suisse ou en Angleterre, il est impossible de ‘transporter’ le public. Ça a complètement tué l’ambiance et l’âme festive de ces lieux. Il y a d’ailleurs certains festivals où je ne joue plus à cause des restrictions de son. »
Même son de cloche chez le DJ et producteur deep normand Benales, qui a signé la tribune de Libé en déclarant : « C’est une atteinte au droit moral des auteurs-compositeurs ainsi qu’au respect de la liberté artistique pour les musiques électro et amplifiées. Cela dénature le concept de fête car l’électronique a besoin d’être écoutée à un volume suffisant pour que le public puisse en profiter au mieux. J’ai été résident dans un club techno où le limiteur était à 98 dB. Difficile de faire rentrer les gens dans le son… À l’étranger, la norme est toujours de 105 dB sauf en Suisse (93 dB). » Laurent Garnier va plus loin et explique que : « Trois dB en moins, ça paraît dérisoire sur le papier, mais ça équivaut à diviser la puissance du son de moitié d’un point de vue physique. La musique ‘en live’ doit aussi être vécue… Si l’on ne peut plus retrouver une sensation ‘d’exception’ en soirée, à quoi bon quitter son salon ? Si demain on remplaçait tous les écrans géants de cinéma par des écrans de deux mètres sur un, quel serait l’avenir du cinéma ? D’ailleurs, dans les salles de ciné, le son est souvent plus fort qu’en festival. Et un Walkman des 80s était à mon avis bien plus dangereux qu’une rave en 2017. » Par contre, si tu as déjà assisté à une rave ou un événement techno, et que tu es resté un peu trop longtemps exposé au son fort qui sort des caissons, tu as sûrement dû rencontré l’ennemi juré numéro 1 de tout les “teufeurs” et fans de techno : Les acouphènes. Ces sifflements plus ou moins persistants (selon les cas) qui surviennent lorsque tu quittes la soirée. Comme je suis sympathique, je te propose de revenir un peu sur ce phénomène qui passe trop facilement sous les radars.
D’ou viennent les acouphènes ?
Les origines des acouphènes sont variées mais ils sont provoqués le plus souvent par une perte d’audition liée à l’âge ou à un traumatisme auditif. On peut en souffrir à tout âge mais les acouphènes sont surreprésentés dans la population qui vieillit. On peut aussi les retrouver chez des personnes beaucoup plus jeunes « si elles ont été exposées au bruit, que ce soit au niveau professionnel ou dans leurs loisirs ». Fréquenter des lieux très bruyants (comme les salles de concert, des clubs,des raves ou participer à des événements type Fête de la musique) peut ainsi entraîner une baisse d’audition temporaire donc des acouphènes également temporaires. Les acouphènes temporaires, par définition, disparaissent d’eux-mêmes. On a écumé des raves en squattant le devant de la piste au plus proche des caissons et du sons la musique, des soirées semi-clandos au système son de plus ou moins bonne qualité ou des rades pas vraiment regardants sur le respect du niveau maximum de décibels (102 dB) autorisé. On a enduré des sonorités agressives, parfois morflé à cause des enceintes qui crachent et commencé à s’inquiéter d’acouphènes plus ou moins réguliers.
Comment les prévenir ? : Les bouchons d’oreilles, tes meilleurs amis.
Vous les connaissez autant que moi. On les a souvent regardés d’un air dédaigneux, ces petits bouts de «mousse» fluo empaquetés dans une corbeille sur le stand de prévention d'es soirées techno. Du genre : «Cette chose en plastique dans mes orifices, jamais de la vie !». Résultat : malgré leur distribution gratuite sur les stands de réduction des risques en teuf, les plugs d’oreille sont délaissés. Les études scientifiques vont dans ce sens : l’exposition répétée et prolongée à des niveaux sonores supérieurs à 85 décibels, voire 75 – ce qui est le cas lors d’un concert en festival ou en boîte de nuit –, augmente très fortement le risque de lésions de l’oreille interne. Ce qui peut conduire à terme à une perte auditive, des acouphènes, de la diplacousie – perception différente d’un même son par chacune des oreilles – ou de la dysacousie.
L’outro (chaque semaine, je réponds à une question de l’un des lecteurs) : C’est quoi la minimal ?
Comme son nom l’indique, la techno minimale est une musique de danse électronique caractérisée par une utilisation minimale de la mélodie, de l’harmonie et du rythme. Les rythmes sont souvent répétitifs et progressif avec des motifs simples qui sont lentement ajoutés les uns aux autres pour créer une expérience musicale hypnotique. De plus, les productions de musique minimale sont souvent plus longues que les autres genres de musique électronique, permettant au public de s’immerger complètement dans le son. Autrement dit, c’est une techno avec “moins de bruit” :) Mais cela ne veut pas dire qu’il faut négliger ses bouchons à oreilles.
La playlist de Maryame : (je propose quelques tracks coup de coeur)
Cette semaine, en honneur à l’outro, je vous propose quelques tracks de techno miniomale, que vous aimiez la techno ou pas forcément, vous y dénichez sans doute quelques belles découvertes. Bonne écoute :)
Mathew Jonson – Marionette (une de mes préférées, je dis ça je dis rien)
Ricardo Villalobos – Easy Lee
Audion – Mouth To Mouth
Christian Burkhardt – Doubledub
Wyatt Marshall – Distant Traveller
Gaiser – Neural Block
Jesse Maas – Take Control
DJOKO – My Crib
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